[fini]La nuit tous les chats sont gris (pv Caëan, Marissia)

Akamiia, cité emplit de manufactures et autres entreprises autrefois dynamiques et prospères. Hélas, les groupes de personnes malveillantes s'étaient appliquées à y créer une insécurité telle que ce qui aurait pu devenir une ville puissante où chaque personne aurait un emploi digne et stable avait tourné en une ville dans laquelle les entreprises qui survivaient le mieux dépendaient du commerce avec les autres cités de Ragguî, tout autre artisanats étaient voués à l'échec à moins de pactiser avec un gang. Le résultat était que que si l'on voulait éviter le chômage il fallait passer par les gangs ou tenter de trouver une place dans les grande manufactures qui n'embauchaient presque plus.

Isaïe Fabrecchi avançait le long d'une artère sans se soucier du marasme qui imbibait la ville, bien qu'il serait plus exact de dire qu'il n'en réalisait rien. Membre de Chrysanthème le jeune homme ne parvenait à voir comme anormal la situation de la ville. Pauvre lycan naïf.

La nuit en était à son premier quart bien entamé et le quartier nocturne s'animait. L'artère était une des quelques rues encore vivantes d'Akamiia et le bar dans lequel le sous-chef de Selrey se rendait se trouvait là. Delath, un gang annexé à Chrysanthème, avait fait preuve plus d'une fois de manquement : des planques découvertes par Sillibris, une transaction ratée, des armes dérobées, etc. Les rumeurs d'informations qui filtraient avaient fait déborder le vase et Assan avait chargé son subordonné d'aller mettre son nez dans les affaires d'Alukî. Envoyer un lycanthrope questionner un iijka aurait été une hérésie dans d'autres circonstances, c'était là l'un des rares avantages des factions où les principes du groupe l'emportaient sur les divergences entre espèces.

Pour ce premier contact, Isaïe avait choisit de rencontrer Henir, l'homme de main d'Alukî et d'entamer un début de discussion serein et innocent. Un sous-chef qui venait prendre des nouvelles en somme. Pourquoi cette rencontre dans un bar sis dans un quartier à peu près sécurisé ? Tout simplement parce qu'il souhaitait avoir cette discussion dans un lieu neutre où il limitait le nombre de membres de Kâ qui voudraient chercher la bagarre.

Le jeune lycan croisa deux belles humaines qui traînaient de bar en bar dans l'une des seules rues à peu près sécurisées de la ville et tourna la tête pour les suivre du regard tout en appréciant leurs délicieuses odeurs. S'il n'était pas en mission il se serait arrêté pour leur tenir compagnie. Il balaya son regard bleu pâle sur l'avenue en quête de silhouettes suspectes et n'en voyant pas il se dirigea vers le bar qui l'intéressait. C'était une chose intéressante en Ragguî de trouver dans les établissements publics des espèces diurnes qui y passaient leurs soirées et des nocturnes qui étaient là pour leur nuitée, ou l'équivalent de la journée. Les uns et les autres occupaient les lieux dans un autre rythme de vie et cela créait un cosmos d'activité stimulant. En revanche Isaïe ressentait la différence d'ambiance dans les lieux publics entre Tarrinë et Akamiia, plus gorgée de rixes et de tension dans la seconde.

Le jeune homme rentra dans le bar et jeta un coup d'œil rapide mais avisé des personnes présentes. Henir n'en était pas mais il vit une elfe nocturne dont il ne put ignorer l'armure qui la dénudait… et quelles formes ! Hélas, une fois encore il était en mission et devait se montrer raisonnable. En soupirant il commanda un grand verre de jus de sureau, une petite particularité quand on vivait avec des vampires : on s'habituait à consommer peu d'alcool. Il alla ensuite s'asseoir à une table dans le fond placé de sorte qu'il pouvait voir toutes les personnes qui entraient dans l'établissement. Isaïe sirota son jus en regardant les convives assis et entrant en revenant par moment à l'elfe, bien que n'étant pas la seule beauté dans les lieux son armure ne permettait pas d'ignorer ses appâts.

Il faisait déjà sombre lorsque Marissia entra dans la taverne. La ville en elle-même n'était pas très plaisante, mais elle avait l'avantage de contenir quand même quelques lieux dignes d'intérêt, comme celui-ci. Pas trop sale, sans toutefois être du luxe, la taverne se trouvait sur une avenue bordée de monde. Des gens de toutes sortes y venaient. Et pour elle, c'était tant mieux. Elle n'avait pas l'intention de se friter avec les autorités. Elle voyageait simplement, cette fois. Ni le maire et ni les habitants n'avaient un quelconque soucis digne d'intérêt pour elle.

Quand elle entra, le barman lui jeta un regard mauvais, contrairement au regard intéressé des autres. Il faut dire, vu sa tenue, elle avait l'habitude qu'on la regarde ainsi. Pour le barman, il s'agissait de savoir si elle était ou non une prostituée. Elle lui en donna rapidement la preuve d'ailleurs, quand un humain s'approcha d'elle en posant une main sale sur son épaule.

"Tu prends pour combien ma jolie ?"

"Bien trop pour toi, ivrogne." répondit Marissia en lui brisant le poignet.

Poursuivant sa route vers le barman, Marissia s'autorisa un demi-sourire. Les autres occupants de la taverne retournaient de suite à leur activité, certains qu'il ne s'agissait pas d'une prostituée. Marissia demanda à l'homme qui tenait l'établissement si elle pouvait avoir une chambre ici. Le prix restant raisonnable, elle prit une chambre de base, avant d'aller y déposer son sceptre. En sortant, elle verrouilla la porte en murmurant un sortilège appris depuis longtemps. Il y avait des formes de magies dans le monde, mais aucune n'empêchait l'utilisation d'un sort comme celui-là.

En redescendant, elle prit un repas chaud, et se mit à une table pour manger tranquillement. Aucune personne n'entrant dans le bar semblait digne d'intérêt, et elle resta donc calme, sans dire un seul mot, pendant une bonne demi-heure. Jusqu'à ce qu'elle vit une jeune femme venir danser sur une table. Elle la regarda avec intérêt, souriant ensuite. De la danse, ce qu'elle pouvait aimer ça. Terminant rapidement son verre de vin - sa boisson préférée - elle alla vers la jeune femme. Elle enleva ses bottes, qu'elle laissa sur le sol à côté de la grande table, et monta agilement dessus. Un grand sourire aux lèvres, elle se mit à danser dessus en compagnie de l'humaine. Celle-ci semblait contente de ne plus être la seule à le faire.

Elle dansa pendant une bonne heure, au moins. Elle ne se sentait jamais aussi vivante qu'en dansant. C'était une manière pour elle de se libérer du monde, et des nombreuses entraves qu'il y avait. Comme boire trop de vin exigeait de passer la nuit à ronfler et le lendemain à avoir mal au crâne, elle préférait ça, pour ce soir. Cependant, elle sentit le regard de quelqu'un sur elle. Discrètement, elle vit de qui il s'agissait. Un jeune homme, du moins de ce qu'elle voyait. Et pas si mal que ça. Il ne semblait pas humain, mais pas elfe pour autant. Très bizarre.

Quand la danse se termina, les gens applaudirent tous, et Marissia aida la jeune humaine à descendre de la table. Elle prit ses bottes, et alla en direction de son admirateur inconnu. Posant les bottes à côté de sa chaise, elle s'y assit, sa poitrine se soulevant à cause de l'essoufflement. VU le degré de nudité déjà existant, le jeune homme allait certainement loucher plus d'une fois sur elle. Mais elle s'en fichait. Elle lui adressa un sourire, avant de parler.

"On se connait ? Tu m'observes depuis un moment."

La nuit semblait réellement plus douce que le jour ces derniers temps. Caëan marchait tranquillement dans cette ville. Il avait décidé depuis un moment d'être en quelque sorte en vadrouille. Il n'était pas un vagabond, loin de là. Son cœur et son âme était pour toujours rester dans la forêt des trois cœurs, cependant voyager de la sorte lui permettait de voir le monde d'une tout autre façon que celle qu'on avait envie de lui enseigner. Ce soir là, il cherchait une taverne pour se poser tranquillement, ces derniers temps il avait beaucoup plus tendance à se poser qu'a autre chose.

Il avisa une taverne non loin de là et se décida à y entrer. Le brouhaha ambiant lui arracha les oreilles, mais il se dirigea quand même vers le barman pour lui demander une chambre. Il allait avoir besoin de se poser dans peu de temps, il le sentait. Il partit donc déposer ses affaires et redescendit. Il s'installa ensuite à une table ou il commanda un thé. Il aimait le thé et détestait l'alcool, ce n'était vraiment pas son truc. Il observât les personnes autour de lui, elle semblait toute pour la plupart à moitié éméché, à croire que personne ne savait s'amuser sans boire finalement.

Le reste de la soirée passa tranquillement, des jeux de boisson, des chants paillards, rien qui ne sortait de l'ordinaire si ce n'était cette elfe qui dansait sur une table accompagné d'une humaine. Caëan regarda la danse en se demandant s'il s'agissait d'une danse de peuple ou bien d'un genre de freestyle, chacun dansait comme il le voulait en ne gênant pas l'autre. Au bout de quelques minutes, il se dit que ce ne devait pas être typique de tel ou tel peuple. Il reporta alors son attention sur sa boisson jusqu'à ce que la danse se termine et que la jeune elfe vint à la table d'un type à côté de lui.

Étrangement, il ne l'avait même pas remarqué. Il tourna doucement la tête vers la table et y vit un homme, chevelure blanche qui semblait reluquer l'elfe. Celle ci venait de lui demander s'ils se connaissait. Caëan souriait intérieurement. Soit cela allait finir en coucherie, soit en bagarre. Il se demandait bien ce qui allait se passer, aussi ne rata t-il pas une miette de la suite des événements.

Il était là pour la guilde. Pas pour s'amuser. Il ne devait pas se laisser distraire des convives qui entraient dans le bar. La volonté du jeune lycanthrope fut balayée face au spectacle envoûtant de l'elfe nocturne qui dansait sur une table à côté d'une humaine pas déplaisante non plus. Totalement entrainé par la danse qu'il ne vit pas les individus qui entrèrent subrepticement dans l'établissement et s'installèrent aux tables proches de la sienne de sorte à l'encercler. Seule la table à sa gauche était occupée par un innocent voyageur. Évidemment Isaïe n'en remarqua rien, les hormones l'avaient emportés sur l'instinct de survie.

La danse finit il poussa un profond soupir comme s'il se réveillait d'un profond rêve, mais avant qu'il ne se rappelle ce qu'il faisait là l'elfe le repéra et s'approcha de lui. S'il avait été sous sa forme de loup le lycan remuerait de la queue de joie avec frénésie. Elle s'assit devant lui et Isaïe put sentir son odeur monter à ses narines, le souffle rapide de la femme offrait une vue alléchante sur sa poitrine, qui pouvait blâmer le jeune homme de ne pouvoir résister à l'appel de ses sens ?

"On se connait ? Tu m'observes depuis un moment."

Isaïe reporta son attention sur le visage de l'elfe et pencha la tête dans un tic habituel pour réfléchir. Non il ne l'avait jamais vu.

« On ne se connait pas…enfin moi je ne te connais pas. Mais je sais que tu es de Silphida, ajouta-t-il malicieusement. Tu as l'odeur de la forêt des Trois-Cœurs. Je le sais parce que j'ai visité cette forêt, d'ailleurs vous n'êtes pas la seule ici à en être originaire. »

Le lycan renifla un temps les effluves emmêlées qui stagnaient dans la salle pour les distinguer les unes des autres et repéra l'odeur caractéristique des arbres de Trois-Cœurs venant de la table de gauche. Elle était occupée par un elfe mâle bien vêtu, Isaïe reporta son regard vers son “invitée” après un bref signe de la tête à son voisin de tablée qui l'avait vu. Puis un fond de bonne éducation enracinée bon gré, mal gré par les efforts de sa grande sœur refit surface.

« Je suis désolé si je t'ai incommodé, c'est que tu es vraiment belle que je n'ai pas pu détourner mon regard de toi. Ah j'ai oublié de me présenter ! Je suis Isaïe et toi ? »

Tout à son entrain Isaïe n'avait toujours pas remarqué les individus qui l'observaient avec plus ou moins de discrétion à commencer par leur voisin silphidien et plus grave encore il en avait oublié qu'il était là pour un rendez-vous d'affaire… et non pour discuter avec les charmantes elfes.

Le lycan était plus absorbé par sa poitrine que par que son visage. Bon, à cela, rien de bien étonnant en vérité. Elle en avait l'habitude, chaque fois qu'elle aller parler à des gens qu'elle ne connaissait pas du tout. Particulièrement quand il s'agissait d'individus masculins. Ils semblaient tous avoir l'envie soudaine de baisser le regard. Elle garda donc pour elle le commentaire qu'elle voulait placer, puis l'écouta, tout en observant discrètement les gens autour d'elle.

Elle aperçut l'autre elfe nocturne, qui venait du même endroit qu'elle. Son visage lui était familier, elle avait du le croiser un jour, sans pour autant s'attarder ni même lui parler. Un simple regard adressé à une personne dans son champ de vision, en somme. Son regard retourna vers celui du lycan quand elle entendit un énième compliment sur son corps. Les gens ne voyaient-ils vraiment que cela chez elle ?! Probablement. Du moins jusqu'à ce qu'elle s'occupe de leur montrer autre chose. Quant au nom de son interlocuteur, il lui était totalement inconnu.

"Eh bien, Isaïe, je me nomme Marissia. Et moi, je te connais pas le moins du monde. Même si je pense pouvoir affirmer sans trop de risque que tu es un... lycan."

Maintenant que les présentations étaient faites, ils allaient pouvoir discuter. Commandant une boisson d'un geste de la main, Marissia s'efforça de retrouver un rythme cardiaque plus serein, pour éviter qu'elle ne reste essoufflée toute la soirée. Quand la boisson arriva, elle en but une gorgée qui lui fit un bien fou. Elle leva à nouveau le regard vers Isaïe.

"Que fais-tu ici ? Je veux dire, tu cherches quoi, qui ?"

Elle était curieuse, désormais. Elle avait la ferme intention de pouvoir discuter un peu, histoire d'agrémenter la soirée et d'avoir un peu de compagnie en attendant d'aller dormir. Ce qu'elle ne tarderait pas forcément à faire. Elle sentait déjà l'ivresse de la fatigue faire son effet. Danser pendant un long moment n'était pas des plus reposant, même pour une elfe qui aimait ça et qui le faisait assez souvent. Elle était néanmoins un peu vexée que l'humaine ne soit guère plus fatiguée qu'elle. Encore qu'elle n'allait surement pas tarder à l'être, Marissia l'apercevant en train de suivre un homme vers l'étage de l'auberge. Savoir qu'elle avait danser avec ce genre de personnes ne lui plaisait pas vraiment non plus. Mais c'était mieux que de danser seule.

L'elfe écoutait avec attention la conversation. Il apprenait nombre de chose en plus de ce qu'il pouvait voir. L'elfe se nommait Marissia et le lycan Isaïe. Écouter aux portes n'étaient pas son habitude, mais c'était quelqu'un de solitaire qui ne demandait rien aux autres et préféraient tout récupéré par lui même. Son métier lui allait comme un gant finalement. Il aimait rendre service mais il aimait avant voir la situation en vigueur. C'est pour ça qu'écouter comme cela lui permettait de glaner nombre d'information qu'il n'aurait peut être pas soutirer avant. L'avantage de sa furtivité l'aidait en plus. Il savait se rendre discret et invisible c'était un avantage indéniable.

Il regarda rapidement autour de lui et remarqua que nombre de personne qui n'était pas là tout à l'heure s'était approché. Son regard se posa furtivement sur le lycan, dans quoi celui ci s'était engager, dans quel genre de galère avait-il bien pu se fourrer pour que tant de personne l'encercle à ce moment. Il étudia la situation. Au vu de la femme, elle savait se battre cela ne faisait aucun doute, l'homme quand à lui savait aussi se battre il en était certain, après tout les lycans étaient de nature combative et rare étaient ceux qui ne savaient pas se battre.

Il étudia la situation encore une fois sous tous ses angles, si le lycan continuait à ne rien voir, tout risquait de dégénéré et ce n'était pas une bonne idée. Nombre de personne ici n'était que des voyageur et certain ne savaient sûrement pas se battre, autant éviter une bagarre général ou des personnes innocente serait tuer. Il décida donc de prévenir l'homme mais pas devant tout le monde, cela ne ferait que mettre le feu aux poudres, heureusement pour lui il avait une compétence qui permettait les dialogues silencieux.

**Évite de sursauter et reprends tes esprits. Pense avec ton cerveau et non avec tes hormones. Tu ne l'as sûrement pas remarqué, mais plusieurs personnes sont entré avec un but bien précis dans cette taverne et il te concerne je pense sachant qu'il t'ont encerclé pendant que tu étais envoûté. Je ne sais pas dans quel affaire tu trempe, mais si une bagarre doit s'en suivre, je te conseille de sortir de la taverne pour éviter de blesser des innocents. Quoi qu'il arrive tu pourras compter sur mon aide.**

Il regarda en biais le lycan pour voir si celui ci faisait un geste ou pas. Il espérait seulement avoir encore assez de temps pour éviter une bagarre plus que général.

Isaïe regardait les yeux de l'elfe brune, c'est vrai que son corps était beau mais son visage aussi, son nom sonnait comme du velours, Marissia. Il sourit amusé, frétillant d’excitation, quand elle affirma qu'il était un lycan.

« C'est vrai, oui ! Comment tu l'as deviné ? J'aime beaucoup ton nom. »

Il la regarda commander un nouveau verre et vida le sien. Le souffle de Marissia s'apaisa doucement et elle but une gorgée avant de l'interroger de nouveau. Ce qu'il faisait ici ? Bonne question, n'était-il pas là pour une raison ? Il pencha la tête sur le côté en essayant de se remémorer ce qui l'avait amené dans le bar, il n'était pas venu pour voir Marissia, puisqu'il ne la connaissait pas, ni pour boire un coup tout seul parce qu'il aurait amené des demoiselles boire avec lui. Une vague idée revenait dans son esprit quand une voix résonna dans sa tête. Une voix d'homme qu'il ne connaissait pas, il ne s'étonna pas spécialement d'entendre une voix dans sa tête puisqu'il avait déjà rencontré des télépathes en revanche les propos le secouèrent. Des gens qui l'entouraient ?!

Il regarda autour de lui discrètement, en effet les tables les plus proches étaient occupées d'iijkas et d'humains patibulaires qui le fixaient du coin de l'œil. Nom de Selena ! Il avait rendez-vous avec Henir et s'était laissé envoûter comme l'avait dit l'inconnu par la belle Marissia ! Isaïe remercia la voix en pensée, il supposa qu'il s'agissait de l'elfe à sa gauche. Bon restait ce qu'il allait faire, personnellement il n'était pas contre une bagarre générale cependant la voix le lui déconseillait. Bon d'accord. Il suivrait la raison. Enfin dans une certaine mesure. Isaïe leva la main et avec un grand sourire malicieux commanda un verre.

« Patron un jus d'agrume s'il-vous-plaît ! »

C'était un fait connu que les agrumes n'étaient pas appréciés des chats, bien que les iijkas aient des ressemblances avec les félins ils n'avaient aucun problème avec les agrumes, cependant les lycans s'en servaient comme provocation. Ça ne manqua pas et des visages se tendirent en rictus menaçant. En attendant l'arrivée de son verre Isaïe s'appuya contre son dossier et parla à voix haute pour bien être entendu.

« C'est vrai, j'attends quelqu'un. Il s'appelle Henir, tu le connais ? C'est un iijka, comme ceux qui nous entourent, mais il tarde je me demande s'il n'a pas oublié. »

Henir n'était pas dans la salle et Isaïe doutait sérieusement que Marissia le connaisse, son objectif était de bien faire en sorte que les membres de Delath environnants comprennent qu'il n'était pas dupe et qu'il leur laissait une chance d'amener l'iijka. Un peu d'agitation se manifesta dans la salle, toutefois Isaïe doutait qu'il l'attaquent séance tenante, sinon ils l'auraient déjà fait. Dans tous les cas Isaïe voulait éviter d'impliquer Marissia et l'inconnu. D'ailleurs il se demandait son nom. Toujours souriant le lycan accepta le verre, avala une bonne gorgée et se tourna vers l'elfe à sa gauche.

« Toi aussi tu bois seul, c'est triste. Tu t'appelles comment ? »

Il n'oubliait pas Marissia, au contraire il aurait préféré continuer à discuter avec elle cependant la voix avait raison et il fallait désamorcer la bombe ou la faire exploser un peu à l'écart.

[n'hésitez pas à faire bouger les choses, intervenir les personnes dans le bar ou en rajouter d'autres, bref je n'ai rien de prévu en particulier ^^]

Elle haussa un sourcil, quand le lycan se mit à parler d'une voix plus forte. Qu'est-ce qu'il espérait faire ? Lui casser les oreilles ? Elle avait une ouïe plus fine que la sienne, alors elle était plus sensible de ce côté là. La voix du lycan ne lui perça pas les tympans, heureusement, mais elle se retint tout de même de grimacer. Il y avait du monde, du bruit mais ce n'était pas la peine de faire ça ! A moins bien sur qu'il n'ait une excellente raison de le faire.

Regardant autour d'elle, l'elfe s'aperçut que du monde était venu, depuis qu'elle-même était arrivée. Elle fit un geste rapide au-dessus de son verre, le remplissant à nouveau de vin - un petit sortilège appris il y a bien longtemps - puis saisit ledit verre pour le porter à ses lèvres. Le vin s'écoula doucement dans sa gorge, tandis que son buste soulevait sa poitrine dénudée. Un petit atout charme qui semblait avoir eu de l'effet sur le lycan. Mais elle n'était pas là pour satisfaire un besoin charnel. Elle était fatiguée de sa journée. Elle ne tint même pas compte de ce que lui demanda le lycan.

Elle ne connaissait pas ce type, Henir, et n'avait pas envie de le connaitre. Néanmoins, elle ne manqua pas les rictus sur le visage des personnes qui les entouraient. Etait-il possible que le lycan se soit placé dans une situation totalement stupide ? Si c'était le cas, l'elfe savait à peu près ce qui allait se passer. Une belle bagarre. Elle se mit à réfléchir à toute vitesse. Sa magie lunaire lui permettait de modeler de la glace. De se servir de cette forme d'eau. Mais le fait d'être à l'intérieur du bâtiment allait poser deux problèmes : les victimes innocentes, et aussi l'efficacité de la magie.

Elle passa une main sous la table, se concentrant dans sa tête pour créer une onde de choc lunaire. ELle retiendrait son sort, et l'annulerait, si besoin. Mais elle devait se préparer. L'autre elfe et le lycan ne serait pas affecté par le sort, normalement. Elle avait fait en sorte que ce soit le cas. En principe, son sort permettait de clouer sur place, à la lueur de la lune, un groupe d'individu. Sans la lueur de la lune, ce sort e fonctionnerait que le temps de se lever et de commencer à courir. Mais elle espérait quand même que ce serait pas nécessaire.

Elle fut interrompue par une voix, venant de derrière. Accompagnée de bruits de pas, la voix semblait s'adresser au lycan, car Marissia le vit lever les yeux vers quelqu'un se trouvant derrière l'elfe.

"Je suis venu, Isaïe. Pas la peine d'énerver mes compagnons plus que nécessaire !"

Caëan était tranquillement à sa table attendant que le lycan se manifeste, ce qu'il fit de la manière la plus idiote qu'il soit. Il haussa la voix pour montrer qu'il avait bien remarqué qu'il était entouré. L'elfe évita de montrer ce qu'il ressentait. Cela ne servait à rien de toute façon, mais jamais il n'aurait prit la peine de parler de la sorte. Enfin après tout il était guerrier et tout ceux qui le connaissait savait par expérience qu'il réfléchissait pas mal de temps avant d'agir. Autant dire qu'il aurait quand même prit la peine d'éviter ce genre d'échauffourée et serait alors sortit. Surtout si quelqu'un lui avait dit qu'il serait derrière lui. Cependant, Caëan ne manifesta rien, pas la moindre émotion et attendit la suite. Elle ne se fit pas tarder lorsqu'il lui parla. Boire seul ? Triste ? L'elfe ne voyait pas de cette manière, sachant que d'une il ne buvait pas et de deux, cela se voyait qu'il était un itinérant et donc qu'il était généralement seul. Il attendit un instant et finalement il se leva et vint s'installer à la table du lycan.

Tout était assez compliqué pour éviter de semer la pagaille, cependant, la jeune femme était visiblement quelqu'un d'aussi réactive que le lycan. Mais peut être plus maligne. Caëan ne savait pas trop ce qu'elle faisait avec sa main sous la table, mais il était certains que ce n'était pas pour faire de la cuisine. Il saisit le verre d'eau que le patron venait de lui ramener. Étrangement, les bruits s'étaient atténué depuis qu'Isaïe avait commencer à parler bien plus fort. Il prépara quelques petits tour à sa manière. Manipuler l'eau avait un avantage non négligeable, le petit verre d'eau qu'il possédait contenait largement assez d'eau pour étouffer une personne et si cela ne suffisait pas, les corps de ceux qui les défierais contenait assez d'eau pour l'utiliser. S'il devait se battre, cela ferait l'affaire, cependant, il préférait de loin être dehors, il aurait eu bien plus d'avantage qu'a l'intérieur. Il était bien plus compliqué maintenant d'utiliser les rayons de la lunes pour les intensifier ou alors pour créer des illusions. Il soupira et décida de se présenter aux deux jeune gens.

« Je me nomme Caëan, ravi de vous rencontrer. »

Une petite pointe de sarcasme qui allait parfaitement avec la situation finalement. Il regarda l'eau dans son verre et l'agita un peu. De toute façon s'il ne pouvait pas faire ce qu'il avait envie, il avait encore la télékinésie pour l'aider. A ce moment, là, il entendit une voix derrière la jeune femme. Tiens donc l'intéressé était donc arrivé. Bien, si cela pouvait évité une probable bagarre pour le moment ça ne pourrait pas être plus mal. Cependant l'homme qui s'avançait était pour le moins quelqu'un d'assez fourbe au vu de sa manière d'agir, de parler et surtout de se mouvoir. Quelqu'un capable de plaquer une lame dans le dos d'une personne. Oui, l'elfe était persuadé qu'il était de cette trempe. Il attendit un instant et le dénommé Henir vint s'installer à la table ou il était avec le lycan.

« Bien, maintenant que je suis là et si nous... discutions. »

Sa proposition avait un sous entendu qui ne plaisait pas au jeune homme, pourtant il n'en dit rien et attendit. Personne à ce jour ne lui avait fait peur, ça n'allait sûrement pas commencer avec ce gars.

Les choses se corsaient en prenant un tour totalement imprévu et quelque part cela excitait le jeune lycan, c'était un peu fou, qu'allait-il arriver ? Il l'ignorait et cela ne faisait qu'accentuer son enthousiasme en revanche il se sentait un peu embarrassé de mêler les deux elfes à l'histoire d'autant qu'ils ne faisaient pas partie de Chrysanthème et que la discussion à venir n'avait d'autres sujet que la guilde des vampires. À quoi avait donc pensé Henir en se mettant à cette table ? Il n'était pas assez idiot pour croire que des elfes nocturnes aient rejoint la guilde ou en tout cas à un niveau assez élevé pour assister en égal à un échange de chef à chef. Bref même Isaïe pouvait deviner que l'iijka n'avait pas l'intention de protéger les secrets de la guilde, tant pis pour lui.

« Henir ! Comme c'est aimable à toi d'avoir emmené tout un comité d'accueil juste pour moi ! Mais ils risquent de s'ennuyer les pauvres et ils vont faire fuir les clients à tirer la tronche comme ça. Allez, aie pitié d'eux et laisse les sortir. D'ailleurs je crois que mes amis aussi vont devoir y aller, c'était sympa de me tenir compagnie en attendant. »

Non Isaïe n'était pas idiot, loin de là, mais il laissait indirectement une dernière chance à l'iijka tout en essayant de faire sortir ses compagnons impliqués malgré eux. Il n'avait pas manqué de remarquer leurs préparations pour se battre s'il le fallait, mais c'était risqué, très risqué. Seul le lycan aurait fait face à Henir sans soucis, or parmi les hommes que le sous-chef avait amené il y en avait certains renommés dans le milieu. En guise de réponse l'iijka lui adressa un sourire malveillant.

« Personne ne bougera et tu ferais mieux de conseiller à tes amis de ne rien tenter comme cette très jolie demoiselle. Mes hommes sont à l'affût et personne ne viendra nous déranger. Tu es un chien fidèle n'est-ce pas Isaïe ? Tu ne veux pas attirer d'ennuis à ton maître ? »

Un grognement énervé s'échappa de la gorge du lycan. Le chat avait fait son choix, Isaïe n'aurait aucune pitié pour lui, pour l'heure il devait prendre la menace au sérieux et rentrer dans le jeu de Henir.

« Pour Assan la discussion était close, comme prévu il avait raison Alukî veut quitter la maison, n'est-ce pas ? Je pensais que tu étais plus malin que lui Henir et que toi tu nous serais fidèle. il secoua la tête faussement désabusé. Mais je suis magnanime, je t'écoute que veux-tu dire ? »

Henir renifla dédaigneusement, la tension dans la pièce était presque palpable.

« Tsss, ne joue pas à ça avec moi, siffla-t-il. Alukî a un marché à te proposer, un marché très intéressant à toi et à toi seul. Tes amis nous suivrons bien gentiment. »

Là encore Isaïe était embêté : s'il avait été seul il aurait suivit l'iijka pour en savoir plus, mais honnêtement il doutait que cela se finisse bien et ne voulait pas mêler Caëan et Marissia à l'affaire. Quand Henir amorça le geste de se relever le lycan eut une idée. Une seconde voilà tout ce qu'il eût pour la réaliser et cela suffisait. En une fraction de seconde une silhouette apparu dans l'encadrement de la porte, une personne bien reconnaissable pour les membres de Delath ici présents. Tous se retournèrent avec un cri de stupeur mêlé de colère. Henir lui-même fut abusé par l'image d'Assan sur le pas de la porte. Une seconde d'inattention cela suffisait pour quelqu'un qui maîtrisait les arcanes de la magie lunaire. Il fracassa sa chaise sur le dos d'Henir et cria :

« On se casse, maintenant ! »

L'illusion s'estompa et les hommes de main d'Henir eurent quelques autres secondes de confusion avant de réaliser ce qu'il se passait, mais Isaïe était prêt.

Marissia garda son sort actif, elle n'en avait que faire de leurs histoires. Mais elle ne put s'empêcher de se rendre compte qu'elle se trouvait dans une sale situation, maintenant. Elle se retrouvait en plein milieu d'une bagarre qui allait éclater dans peu de temps, pas besoin d'être un devin pour le comprendre. Elle faillit presque s'endormir en attendant que la conversation se finisse. Elle détestait ça. Se retrouver dans une situation totalement incontrôlable.

Elle pouvait quand même avoir une influence dessus, cela dit. Son sortilège serait surement utile, bien qu'elle avait comme l'impression que l'un des "adversaires" du lycan Isaïe la lorgnait un peu trop. Gardant son air hautain, elle l'ignora suprêmement, souriant légèrement quand elle le vit contrôler sa rage. Et elle le sentait aussi... elle faillit en éclater de rire. Ils étaient tous tendus, énervés, sur le point de se jeter les uns sur les autres. Mais elle resta le plus tranquille possible.

Soudain, tout s'anima. Et ce, très rapidement. Isaïe se mit soudain en action, créant une illusion qu'elle sentit plus qu'elle ne la vit. Il avait, comme elle, un haut niveau de magie lunaire, décidément. Elle voulut relâcher son propre sort, afin de les aider à fuir - le lycan, l'autre elfe nocturne et elle - mais n'y parvint pas. Pour la simple et unique raison que l'autre iijka qui la lorgnait juste avant lui sauta dessus, renversant deux de ses amis. Elle n'eut pas besoin de sentir son excitation et son désir pour comprendre qu'il voulait la culbuter sans sa permission. Tombant sur le dos, Marissia lui flanqua un coup de pied en plein visage, lui brisant le nez. Elle attira à elle son sceptre, puis essaya de se relever, mais se rendit compte que sa cheville était mal en point. Elle n'y arrivait pas. Quelqu'un l'empoigna soudainement, l'entrainant dehors.

"Mais... lâche-moi ou je te casse toi aussi le nez !" dit la jolie elfe une fois à l'extérieur.

Son voeu fut exaucée, et elle se rendit compte qu'elle était assise sur les pavés froids d'une ruelle, adossée au mur d'un bâtiment qu'elle ne reconnut pas, en pleine nuit. Elle y voyait très bien, et l'autre elfe noir aussi. Mais elle se demandait si c'était le cas du lycan. Lycan qui ouvrit la bouche pour parler sans en avoir le temps.

"la prochaine fois, tu oublies ! Plus jamais j'irais me foutre dans tes histoires. Regarde ça... cheville tordue, peut-être brisée, à cause de toi !"

Les emmerdes. Il ne se doutait pas d'être dans les emmerdes jusqu'au cou alors qu'il voulait juste prendre un peu de tranquillité avant de reprendre sa route. Certes, le combat ne lui faisait pas peur et il savait très bien ce que cela demandait. Rigueur, discipline et surtout une touche d'imagination. Pour combattre intelligemment, il fallait éviter de sous estimer son adversaire et surtout, surtout toujours regarder les options qui étaient à sa porté. Alors qu'il attendait tranquillement, le lycan se décida à répondre a l'iijka. Caëan ne dit rien, de toute façon, peu lui importait ce qui allait se passer, s'il devait se battre, alors il le ferait. S'en aller, il doutait que l'autre en face les laisse si facilement s'en aller, d'ailleurs sa phrase suivante indiqua à l'elfe qu'il avait raison. Ne rien tenter ? Là, il se fichait le doigt dans l’œil. Pour tromper l'ennui, Caëan bu le verre d'eau qu'on venait de lui apporter, pour le moment tout semblait un peu trop aléatoire pour utiliser ce verre en tant qu'arme.

Alors que la conversation se diversifiait sur un ton encore plus belliqueux qu'avant, l'elfe se dit que bientôt, ils allaient utiliser les mots pour se taper dessus. Alors que la conversation semblait toucher à sa fin, une silhouette se présenta à l'entrée de la taverne, une belle illusion s'il en était, cela eut pour effet de foutre la trouille à ceux qui les entouraient. Le lycan prit alors une chaise et la fracassa sur le dos du dénommé Henir, la jeune elfe n'eut pas le temps de lâcher son sort qu'un iijka lui sauta dessus. Caëan récupéra la jeune femme qui avait casser le nez du type et qui se débattait comme une belle diablesse alors qu'elle ne pouvait pas marcher. Il aurait du l'abandonner là bas tient. Ils sortirent finalement et l'elfe lâcha la jeune femme sur les pavés froids. Dieu qu'elle était pénible. Avant que quiconque ne put dire quelque chose, elle s'exclama d'une manière trop forte au goût du guerrier.

« Super, s'ils ne savaient pas ou nous étions, tu viens de donner notre position très intelligent. »

Il était quelque peu énervé pour le coup. Non seulement on l'a sortait du pétrin mais en plus elle râlait. De plus s'était elle qui s'était approché du lycan exprès.

« Tu ne peux t'en prendre qu'à toi même si tu es blessé, personne ne t'a demandé de t'intéressé au lycan et de rester quand les ennuis ont commencé, surtout que tu les avais bien vu. »

Il s'arrêta une nouvelle fois, sa colère retomba aussi vite qu'elle était monté. Il n'était pas quelqu'un qui s'énervait facilement et heureusement pour elle, il rajouta néanmoins.

« Dommage que ce ne soit pas ta langue qui soit foulé, ça nous aurais fait des vacances. »

Un peu de méchanceté parfois ne faisait pas de mal. Pour le moment, il n'avait pas l'air d'être repéré, mais le guerrier savait que ce ne serait que de courte durée. Le combat ils l'engageraient sûrement et pas plus tard que bientôt. Pour le moment, il fallait calmer l'autre rageuse et surtout voir ce que sa cheville disait, mais il n'était pas enclin à regarder si elle avait besoin de soin. D'habitude, il aurait aidé, mais vu la gentillesse dont elle faisait preuve, il allait s'abstenir pour le coup.

Isaïe se changea en loup et se précipita vers la porte en mordant de toute la puissance de sa mâchoire animale les personnes qui tentaient de s'interposer. Parvenu à l'entrée il se retourna et reprit forme humaine pour créer un bouclier lunaire qui repoussa provisoirement ses adversaires le temps de laisser fuir Caëan qui tenait Marissia et courut derrière eux. Seul il aurait poursuivit la fuite un peu plus longtemps, mais les elfes s'arrêtèrent. Il resta près d'eux ne voulant pas leur attirer d'avantage d'ennui et renifla l'air pour savoir si les hommes d'Henir arrivaient. Il se retourna vers les elfes et ouvrait la bouche pour s'excuser et les encourager à poursuivre quand Marissia explosa de colère. Il grimaça, en effet il n'avait pas assuré sur ce coup-là et entraîné deux autres personnes avec lui. Avec les événements les esprits du lycant s'étaient remis en place et il se maudit intérieurement de s'être laissé embrouiller par les belles formes de l'elfe.

Caëan répliqua vivement à Marissia, il n'avait pas tort mais lui-même faisait beaucoup de bruit, la priorité n'était pas de savoir qui était responsable de quoi – quoique la réponse était sans doute Isaïe – mais de s'en aller en sécurité. Puisque c'était Isaïe qui était recherché, à lui de faire en sorte que les autres s'en tirent, d'ailleurs il devait s'occuper ensuite du cas d'Alukî et de son gang. Le lycan baissa les yeux sur la cheville de l'elfe et constat qu'elle n'était pas gonflée, avec un peu de chance il pourrait la soigner. Il se baissa et mit les mains de part et d'autre de la cheville avant de déverser son pouvoir.

« Je ne suis pas très doué pour soigner, dit-il Est-ce que cela va mieux ? Je suis désolé de vous avoir entraîné avec moi, je suis leur priorité, vous ne les intéressé qu'en tant que potentiels amis et témoins. Je vais donc essayer de les attirer à moi pendant que vous fuirez : allez vers les quartiers surveillés et trouvez la police. Si vous leur dites que vous êtes poursuivis par Delath ils vous protègeront. En revanche… hé bien si vous pouvez éviter de leur dire mon nom ça m'arrangerait, enfin, bref. Ils ne m'auront pas aussi facilement. J'ai été ravi de vous rencontrer même pour un cour instant, j'espère qu'on se reverra. »

Il prononça cette dernière phrase avec un petit sourire d'excuse et redevint un loup pour se glisser à travers les ruelle, droit sur leurs poursuivants, puis il obliqua vers une rue passante où il poussa un long hurlement, revint sur ses pas pour s'assurer qu'il était bien suivi et fila assez vite pour qu'on lui courre après et assez lentement pour être encore visible. Très rapidement il dut accélérer car certains iijkas derrière lui maîtrisaient bien assez le vent pour aller à une vitesse vertigineuse. Il ignorait si tous le suivaient et espéra que les elfes s'en étaient sortis, lui se glissa entre les passants et les marchands, provoquant l'agitation sans vergogne.

Marissia n'apprécia pas vraiment de se faire remonter les bretelles par l'autre elfe, elfe qui n'avait d'ailleurs pas fait grand chose pour les sortir de là, si sa mémoire était bonne. Et elle l'était. Elle ne dit rien, trop préoccupée par le fait qu'elle avait mal à la cheville. Après tout, il s'agissait quand même d'une cheville peut-être brisée, et elle n'était pas tout à fait capable de se soigner comme ça. Enfin, elle le pourrait en se servant de la télékinésie. Mais ce ne serait guère justifié. Déplacer les os ne serviraient de rien s'il n'y en avait pas besoin.

Finalement, ce fut le séduisant lycan qui s'y colla. Elle ne répondit rien à son long discours - pour elle c'était un long discours tout ça, c'était barbant à souhait - et se contenta de le laisser toucher sa cheville nue et son pied tout aussi nu. Okay, elle était quasiment nue tout court, mais même. Elle n'avait plus ses bottes. Elle n'avait plus rien à part ses vêtements de base et son sceptre. Plus de vin, plus de nourriture, plus d'endroit où danser voir s'amuser.

Elle frissonna légèrement en le sentant toucher sa peau et réparer les dégâts. Le contact n'était pas désagréable, juste étrange. Elle nota néanmoins la fin de son monologue. Il espérait qu'ils se reverraient. Il pouvait compter là-dessus. Elle n'avait surement pas l'intention de se retrouver à nouveau attaquée par des chats. Mais peut-être qu'elle n'aurait pas le choix. Peu importait, de toute façon. Le lycan partit sous forme de loup dans une direction inconnue, entrainant les autres à sa suite, probablement. Marissia se tourna donc vers l'autre elfe.

"On ferait mieux de trouver un coin paisible où dormir, sinon on s'écroulera dans le caniveau."

Elle n'attendit pas vraiment que l'elfe accepte - ou non - de venir avec elle. Elle se dirigea d'un pas prudent vers une rue plus lumineuse, espérant trouver une auberge plus accueillante. Elle marchait prudemment, d'abord parce qu'elle voulait éviter d'être vue par des gens mal intentionnés, et ensuite parce qu'elle voulait éviter de se briser pour de bon la cheville, étant en plus pieds nus sur des pavés.

Finalement, elle parvint dans la rue illuminée, et se dirigea droit vers la porte d'une auberge qui semblait aussi bien que la précédente. Elle s'apprêta à ouvrir la porte quand un bruit l'alerta, et elle se retourna de suite. Mais il n'y avait rien. Fronçant les sourcils, elle observa la rue, puis, ne voyant toujours rien, elle entra dans le bâtiment.

Il regarda tranquillement le lycan s'occuper de la cheville de l'elfe. Vu la façon dont elle avait parlé, il ne s'en serait pas donné la peine et puis de toute façon il s'en fichait un peu. Il posa finalement son regard sur le lycan lorsque celui ci se lança dans une tirade pour essayer des les attirer. Caëan se demanda un instant s'il ne les prenait pas pour des impotents, mais peu lui importait s'il voulait faire cavalier seul, s'était son choix. Il n'avait pas envie pour le moment de faire quoi que ce soit, étrangement alors qu'il était toujours enclin à faire tant de chose. Ces derniers temps, depuis qu'il avait quitté les trois cœur, il n'avait plus goût à grand chose, même se battre devenait quelque peu ennuyant. Il soupira doucement.

"J'espère qu'on se reverra." L'elfe regarda le lycan qui s'en allait les laissant là sans autre forme de procès qu'une phrase somme toute banal. Qui savait ce que leur réservait la suite des événements, sûrement pas Caëan. Il n'était pas devin et ne possédait aucune compétence lui permettait de voir l'avenir. Il regardait la lune. Jadis, sa mère te sa grand mère utilisait une magie peu connue désormais, une magie lunaire venu des temps anciens, mais aujourd'hui ces magies avaient disparues. Son regard était toujours fixer sur la lune lorsqu'il entendit l'autre elfe se manifester et lui dire qu'il faudrait peut être trouver un coin paisible pour dormir. Il se doutait bien que ce n'était pas dit amicalement, la façon dont elle lui parlait montrait qu'elle n'avait pas aimé ce qu'il lui avait dit, mais il s'en fichait éperdument. Il la laissa s'éloigner.

L'aube n'était pas encore proche et s'il devait dormir, ce ne serait sûrement pas dans une auberge, de plus, il n'avait pas sommeil. Contrairement à elle, il ne s'était pas mit à danser à moitié nu sur une table. Économiser ses forces, comme tout guerrier c'est ce qu'il faisait et s'il n'avait rien fait auparavant c'était parce qu'il n'avait pas sentit nécessaire de le faire. Il aurait pu balancer toute les chaises et tables à la tronche des gens, seulement, il aurait alors provoquer un beau bordel et aurait peut être blessé des innocents dans l'histoire. Bref. Une fois l'autre elfe partit, il relâcha un peu ses muscles et fixa une nouvelle fois cette lune. Lune qui était la source de ses pouvoirs et quoi qu'il arrivait il lui en était reconnaissante.

Il prit le chemin de la sortie de la ville. Il n'allait pas rester là, il avait besoin de se ressourcer, besoin de calme et de tranquillité et il ne trouverait sûrement pas cela dans cette ville si bruyante et si peu amical à son goût. Caëan prit la route de la sortit. S'il avait bien envie de revoir le lycan pour comprendre comment il avait pu se foutre dans ce si beau bordel, il n'avait pas réellement envie de revoir l'autre elfe. Quelqu'un qui n'assumait pas les conséquences de ses choix ce n'était pas une bonne idée. Il cessa alors de penser à cela, chacun était libre de répondre de la manière qu'il voulait après tout. Peu importait si cela lui apporterait des problèmes. Une fois arrivé dans la forêt, il se chercha un arbre assez grand pour l'accueillir et il le trouva. Monter sur les branches fut une tâche plus aisé qu'il n'y paraissait et bientôt, il était assit tranquillement. Il pouvait voir la lune filtrer à travers les nuages. Le soleil de l'aube réveillerait le dormeur qu'il était. Il ferma les yeux et laissa le vent dans les arbres le bercer, comater était son mode de sommeil, une fois reposer, il reprendrait sa route tranquillement. L'aventure l'attendrait sûrement au bout d'un chemin.

Désengagé

Isaïe passa deux ruelles en slalomant pour éviter les attaques magiques et se glissa par un soupirail pour arriver dans une cave appartenant à la guilde. Il atterrit parmi deux caisses et avança à pas de loup pour récupérer l'escalier qui le mènerait au rez-de-chaussée. Il n'entendit personne le suivre, peut-être avaient-ils reconnu les lieux et préféré éviter de se jeter dans la gueule du loup. Des caisses émanaient de fortes odeurs de nourritures fort alléchantes, si le lycan n'avait pas été poursuivi il se serait permis de glisser son museau dedans pour y chiper un morceau. Trêve de rêveries, il redevint humain pour monter les degrés et débarqua dans un bureau occupé par deux vampires chargés de la surveillance des lieux. Ils se levèrent mi-surpris, mi-furieux en le voyant arriver, découvrant leurs canines acérés et grondant. Isaïe leva les bras en signe de paix.

« On se calme, je suis de Chrysanthème ! Je suis Isaïe, au service de Assan Zaen ! »

Les vampires ne parurent pas le croire, cependant ils furent sensibles à la mention du sorma et se regardèrent sans savoir que faire, s'ils devaient avertir quelqu'un ou le refouler.

« Je n'ai pas le temps, Delath a trahi et les sbires d'Alukih me collent aux basques… »

Il s'arrêta de parler pour voir que les vampires se méfiaient franchement de lui, ils n'avaient pas tort Delath était connu pour appartenir à Chrysanthème et les soupçons dont Assan avait fait part à Isaïe étaient partagés par les têtes pensants de l'ordre mais pas plus bas. Le lycan se dit qu'il aurait mieux fait de ne pas dire ça, trop tard le mal était fait. Inquiet de ce que Henir aurait le temps de faire pendant qu'il discourait avec les larbins Isaïe décida de passer en force et poussa un profond rugissement. Comme le signe déclencheur les vampires l'attaquèrent, il se protégea d'un bouclier lunaire et bondit sous forme de loup à la gorge de celui de droite. Il mordit assez fort pour éclater la jugulaire, reprit forme humaine et balança un violent coup de pied à l'autre.

Une fois qu'ils furent mis à terre il alla renifler par la porte d'entrée pour sentir l'éventuelle odeur d'iijkas dehors. Il grogna en en sentant une assez forte pour être menaçante et fila pour rejoindre les étages supérieurs remplis d'autres membres de la guilde qui s'étonnèrent tous de sa présence.

« Je veux porter un message à Assan, dit-il sans autre préambule. Où puis-je le joindre ? »

Il pria intérieurement que personne ne le prenne pour un ennemi, enfin c'était dingue ça ! Henir et Alukih le connaissaient assez pour vouloir le prendre en otage et les propres membres de Chrysanthème ne le reconnaissaient pas ! Heureusement des personnes ici le reconnurent.

« Sire Isaïe ? Que faîtes-vous là ? »

« En quoi cela te regarde, crétin ! »

La femme qui avait répliqué cela en frappant le premier était un sous-chef au même titre qu'Isaïe et l'un et l'autre s'étaient croisés plus d'une fois. De petite taille la mevale n'était pas à prendre à la légère, elle darda son regard d'acier dans celui du lycan.

« Sire Assan est au lieu habituel, mais si tu le demande c'est que tu ne peux t'y rendre maintenant, n'est-ce pas ? »

« Tu as tout compris, comme toujours tu relève le niveau Maytha. »

Maytha répondit d'un rictus entendu et lui fit signe de le suivre dans sa salle où elle l'invita à lui expliquer la situation. Isaïe répondit en gardant la réserve attendue et en évitant de mentionner les deux elfes. Si sa congénère ne se permit pas de reproche explicite, son regard s'en chargea. Elle l'invita à passer par les toits pour quitter l'immeuble tandis qu'elle chasserait les impudents qui encercleraient le bâtiment. Le lycanthrope aimait bien la signification du mot “chasser” des vampires : c'était chasser une proie qu'on blesse ou tue et non juste gentiment refouler un importun. Bref la vraie signification du mot chasser tel que lui-même l'avait apprise.

Suivant les indications de Maytha, Isaïe gagna l'étage ultime et se glissa par une fenêtre pour se hisser sur le toit. Loup, il trottina avec équilibre et légèreté avant de se ramasser sur lui et de franchir d'un bond l'espace qui séparait les deux immeubles. Sans regarder en bas – les grognements et rugissements qu'il entendait monter du sol lui servaient d'excellentes indications de ce qu'il s'y passait – il bondit sur deux autres bâtiments accessibles avant d'essayer de redescendre à l'aide d'une gouttière. Il y parvint avec brio…… enfin les premiers mètres avant de glisser et de se ramasser sur le postérieur un mètre plus bas. Glorieux.

Il regarda en arrière pour voir que Maytha avait agi avec efficacité et que personne ne le poursuivait plus. Il reprit sa course pour rejoindre le bar dans lequel avait élu résidence Assan. Il eût le sentiment d'avoir été suivit, mais ne parvint à repérer personne. Il fallait avouer que sentir une odeur inconnue suspecte dans une ville habitée comme Akamiia relevait de l'exploit, voire de l'utopie, en tout cas il parvint sans encombre à sa destination et reçu un bon savon pour s'être laissé distraire par une elfe, même nocturne, enfin peut-être que le plus reprochable était la distraction elle-même. En tout cas le message était claire : Delath avait trahi.

Isaïe se réveilla après des nombreux rêves agités entre des chats qui l'attaquaient et de belles elfes. D'ailleurs il ouvrit les yeux en pensant à Marissia, elle était assez énervée la veille et pas sans raisons évidement… De plus il avait mis le souk dans l'établissement. Enfin heureusement, façon de parler, il devait y retourner pour enquêter sur les intentions d'Alukih dont le groupe était officiellement attitré traître et traqué par Chrysanthème. Le lycan se leva de la couche qu'il avait occupée dans la “demeure” de son ami et supérieur installée d'office dans l'arrière de son bar auto-proclamé. Comme chaque jour – ou nuit des nocturnes – le vampire avait invité des amants pour lui “tenir compagnie”.

Le lycan retourna au bar de la veille assez rapidement, il évita soigneusement toutefois les autorités présentes dans la rue au cas où son signalement se baladerait suite à l'affrontement. Il eût un petit pincement au cœur en remarquant que la façade de l'établissement était abimée – la porte défoncée – car après tout il avait derrière lui une éducation correcte, malgré tout. Quant au vampire qu'il avait tué précédemment, il ne s'en préoccupait pas, sachant qu'il aurait subit un sort similaire pour s'être attaqué à un supérieur. Isaïe entra dans le bar et se dirigea vers le propriétaire.

« Bonjour, je voulais m'excuser pour les ennuis d'hier. Ces gens m'en voulaient pour m'être opposé à eux plus tôt, enfin c'était tout de même exagéré. »

Le lycan grogna peu dupe de l'histoire mais n'insista pas, ne souhaitant pas être mêlé à l'affaire. Isaïe en profita pour l'interroger un peu : les iijkas étaient-ils revenus ? Si oui avaient-ils posé des questions ? Etc. Le tenancier répondit de manière fort laconique avant de sembler se rappeler de quelque chose.

« Dites l'elfe qui était avec vous, elle a oublié ses affaires ici comme elle devait y dormir. Vous pourriez les reprendre ? J'ai pas envie de garder ça si les iijkas reviennent après elle. »

Isaïe accepta avec un grand sourire de joie sans relever le fait que le type n'était pas d'une grande fiabilité avec les affaires de ses clients. Avec celles de Marissia le jeune homme put la retrouver en pistant son odeur. Il atteignit d'abord le lieu de leur séparation avant de poursuivre un peu plus loin et de sentir son cœur faire une embardée dans sa poitrine. L'elfe était juste dans la rue à deux pas de lui.

« Hé Marissia ! l'appela-t-il. Je te ramène tes affaires, enfin, je veux dire, le tavernier mes les a confié en pensant que je pourrais te les amener. Ce que j'ai fait… »

Décidément, Isaïe n'était plus capable de s'exprimer correctement, le voilà qui bafouillait de nouveau et il dut faire un effort pour empêcher ses yeux de redescendre sur le décolleté toujours profond de Marissia. Embarrassé il lui tendit ses affaires.

« Encore désolé pour hier, je ne pense pas qu'ils te poursuivront puisqu'ils en avaient uniquement après moi… hem j'imagine que s'ils nous voient ensemble ils vont encore penser que nous sommes… heu alliés. »

Olala, de plus en plus déplorable, ne pouvait-il pas parler sans penser aux doubles-sens ? L'elfe devait vraiment le prendre pour un idiot.

Une fois à l’intérieur, l’elfe fut accueillit par la chaleur de l’établissement, et cela lui remonta le moral. Elle avait beau être une elfe nocturne, et qui donc vivait plus facilement de nuit que de jour, elle avait envie d’une bonne nuit de sommeil. Mais elle était assez détraquée, comme personne. Elle s’était trop souvent mêlée aux autres espèces pour qu’elle puisse afficher un modèle d’elfe nocturne parfaite. Elle avança d’un pas toujours prudent, regardant autour d’elle afin de voir si quelqu’un lui voulait du mal ou autre. Apparemment, il n’y avait rien, et elle se dirigea donc vers le comptoir. Une jeune femme – probablement une vampire – lui sourit.

"Vous désirez ?"

"Une chambre pour cette nuit. Ca suffira ça ?" demanda l’elfe en tendant une poignée de pièces.

La vampire confirma d’un signe de tête, puis lui donna la clé d’une chambre, à l’étage. Marissia repartit aussitôt, ayant hâte de se débarrasser de cet état de fatigue qui la secouait depuis qu’ils étaient sortis de l’autre auberge. Elle monta les marches de l’escalier, s’aidant de son sceptre pour éviter de trébucher à cause de sa cheville fragilisée. Elle se doutait que les soins pourraient se terminer au cours de la nuit, grâce à la magie utilisée par le lycan. Quel était son nom déjà ? Iz…Isa… Isaïe. Elle savait qu’elle aurait du être très en colère contre lui, mais néanmoins les paroles de l’autre elfe étaient justes : c’était en parti sa propre faute si elle était blessée.

Par conséquent, elle essaya de calmer sa colère, préférant tenter de penser à autre chose. Sauf que ses pensées allaient quand même vers le jeune lycan. Ce n’était pas le premier à la reluquer – et à perdre les pédales devant son corps – mais il avait quelque chose d’intéressant. Une sorte d’attirance que bien d’autres personnes n’avaient pas. Elle secoua la tête, faisant virevolter ses cheveux devant ses yeux. Ce n’était pas le moment de se laisser aller à penser à un bel homme, d’autant que sinon elle allait se cogner contre le mur.

La clé tourna dans la serrure, puis l’elfe ouvrit la porte, la refermant derrière elle. Elle jeta la clé, puis fit un geste en direction de la poignée, qui verrouilla la porte. Elle posa le sceptre contre le mur, avant de tirer les rideaux. Il n’y avait rien à l’extérieur, à part une patrouille nocturne des gardes. Parfait. Et d’ici, on entendait pas le vacarme de la salle principale de l’auberge. Encore mieux. Elle enleva ses vêtements – pour le peu qu’elle en avait de toute façon – et s’approcha du lit. Son regard tomba alors sur le miroir, et elle ne put s’empêcher d’observer son corps.

Un corps trop pâle pour passer pour une humaine. Des oreilles trop grandes pour passer pour une vampire. Des cheveux trop sombres pour passer pour une elfe diurne. Elle soupira. Elle pouvait difficilement se mêler à une foule, avec sa tenue et son corps. Pas étonnant qu’elle soit toujours aussi remarquée par les autres. Elle frissonna, puis bougea, se lovant sous les couvertures. Au moins, pour cette fois, elle dormirait de nuit. Mais la nuit fut assez agitée. Son métabolisme ne cessait de la réveiller toutes les heures, comme si son corps voulait l’empêcher de dormir. Et ses pensées de tournèrent plus d’une fois vers le lycan, si bien qu’elle ne fut qu’à moitié surprise le lendemain matin, quand elle sortit dans la rue, de le voir arriver.

"Donne-moi ça." déclara l’elfe en lui prenant les affaires.

Elle s’empressa d’enfiler ses bottes et d’attacher le sac – rétréci par magie – à sa ceinture. Elle s’approcha ensuite du lycan, très près, plantant son index dans sa poitrine qui se souleva sous la surprise. Elle pouvait entendre son cœur battre rapidement, et sa confusion car elle était vraiment très, très proche.

"Je te signale, Isaïe, que le simple fait que tu sois là prouve deux choses : d’abord, tu profites de l’occasion pour me voir. Ensuite, tu amènes tes emmerdes auprès de moi. Alors fais attention, ou je te jure… que je vais te le faire regretter."

Isaïe accusa l'explosion de l'elfe en se raidissant, les narines pleines de son odeur tant elle s'était approchée de lui. Il l'écouta prononcer ces mots comme un poignard qui s'enfonçait dans son cœur et dans le même temps la colère se formait en lui. D'un geste vif il la repoussa pour ne plus être embrouillé par son parfum et respira un grand coup avant de la fixer dans les yeux le corps tremblant et cette fois-ci il avait l'esprit clair lorsqu'il parla.

« N'ai-je pas dit que j'étais désolé de t'avoir impliqué hier ? C'est vrai je t'ai apporté des emmerdes et d'autres viendrons si je reste ici plus longtemps avec toi parce que j'enquête sur ces types, mais je voulais sincèrement m'excuser et te rendre service en te ramenant tes affaires, alors tu pourrais arrêter de te comporter comme si j'étais celui qui t'avait agressé ! »

Le ton d'Isaïe avait monté au fur et à mesure qu'il s'exprimait et il respira une nouvelle fois pour se calmer. Il s'avisa que ses poings étaient serrés et il les relâcha en jetant un coup d'œil autour d'eux. Des personnes les regardaient de travers, comme l'on regarder un couple se disputer en pleine rue, le meilleur moyen de se faire remarquer était de s'énerver en public, fallait pas s'étonner ensuite qu'on s'en prenne à elle. Le jeune homme reporta son regard sur Marissia, mais la colère l'avait un peu désenvoûté de son charme et il savait très bien ce qu'il voulait dire.

« Ce n'est pas moi qui t'ai attaqué et je n'ai jamais indiqué à Henir de te prendre en cible, il l'a décidé de lui-même, au contraire je t'ai soigné tu t'en souviens ? Alors libre à toi si tu veux m'accuser de ton inconfort , mais je trouve ça un peu injuste surtout d'une femme se baladant en armure, tu ne peux qu'attirer des ennuis ainsi dans Akamiia. Maintenant si tu veux vraiment te battre sache que je te prends quand tu veux et en toute sincérité ce serait la dernière chose que tu ferais si tu ne voulait vraiment pas te mettre les guildes à dos. Enfin c'est toi qui vois. »

Le lycan s'arrêta, il aurait encore voulu dire tant de chose cependant il avait fait le tour et ne devait pas oublier qu'il avait encore une mission à effectuer. D'ailleurs maintenant qu'il y repensait sa sœur l'attendait pour deux jours plus tard et il ne voulait pas qu'elle s'inquiète, ni qu'elle doute de son appartenance à Chrysanthème ou tout autre gang de rue, bref il devait mener à bien ce qu'on lui avait confié avant de rentrer et se battre avec Marissia ne lui ferait que perdre du temps. Il haussa les épaules ne sachant plus trop quoi rajouter.

« Bien si tu n'as rien d'autre à ajouter, moi je m'en vais et mes emmerdes avec moi. »

Sur ce il tourna les talons et s'éloigna de l'elfe avec tout de même un petit pincement au cœur, mêlé de rage.

[désengagé]

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» Sethore Tharia Vampire intriguant (fini)
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