La casse se paie (pv Geralt)

Le soleil s'était couché depuis une heure déjà sur la capitale dont l'activité ne faiblissait pas quelque soit l'heure, tout au plus changeait-elle de rumeur et de visage. Il en allait de même du Lamia dont l'affluence variait selon les heures sans jamais réellement se désemplir selon le désir du propriétaire. Lui-même, vivait au rythme des nocturnes dormant le jour et veillant la nuit, par moment il modifiait son rythme pour gérer son établissement lorsqu'il ne voulait pas laisser ses subalternes ou employés faire des erreurs ou des maladresses. Ce jour-là il les avait laissé faire, après tout il les avait sélectionnés avec soin et se reposait sur eux avec confiance, que intérêt sinon d'ouvrir en continu ?

Sethore avait ouvert les yeux lorsque la lumière traversant les épais rideaux de sa chambre avait décru pour retrouver dans son lit ses compagnons de la nuit, un iijka et une humaine. Le sorma aimait bien les iijkas comme amants dont la queue pouvait avoir multiples fonctions… intéressantes. Il les laissa dormir tout leur content, après tout les non vampires avaient tendances à faire de l'anémie lorsqu'ils couchaient avec des vampires. Phénomène étrange. Ou pas. Sethore était lui en pleine forme et n'avait qu'un faible creux dans l'estomac en s'habillant. Il avait enlevé quelques jours pus tôt une elfe diurne récemment arrivée dans la capitale qu'il saignait petit à petit en guise de repas ou d'en-cas. La peau halée de la demoiselle était parfaitement lisse, une peau de pêche dans laquelle il se faisait une joie de mordre à pleines canines pour en aspirer l'élixir rouge si délectable chaud et gorgé d'énergie. Le sang elfique était son favoris, hélas il était le plus difficile à se procurer légalement, ce qui le rendait encore plus désirable. Il ignorait ce qu'il ferait d'elle, certainement pas la libérer ce qui le mettrait en danger. Peut-être la tuer et travestir la raison de sa mort… il y réfléchirait lorsqu'il en aurait assez de ce jouet.

Son déjeuner prit Sethore quitta ses appartements pour entrer dans son bureau et prendre connaissance des nouvelles de la journée. Le gérant passa rapidement sur les notes pratiques d'achats et s'intéressa à l'évolution des contrats à prime qui transitaient par son établissement et des demandes d'informations sur les guildes. Il aimait à être tenu au courant de tout ce qui se disait pour garder le contrôle et se protéger, il était si facile de faire un faux pas lorsqu'on jouait avec les guildes et les instances gouvernementales. Le sorma s'arrêta sur un avis de recherche transmis par la police et sourit amusé : la demoiselle elfe qu'il abritait à l'étage était recherchée par ses amis qui l'attendaient depuis une semaine.

« Bien, bien, comment vais-je pouvoir tirer ceci à profit ? »

Fit-il en ricanant. Peut-être la garderait-il le temps de trouver un individu marginal à éliminer auquel il ferait porter le chapeau. C'était le mieux à faire à la réflexion, le tout était d'éviter qu'on s'intéresse de trop près à lui lors de l'enquête de la disparition. Sethore ne s'inquiétait pas trop, il avait des informateurs un peu partout et assez d'obligés pour lui servir d'intermédiaires ou lui rendre service. Le Lamia avait aujourd'hui une respectabilité et une développement qui le protégeait de bien des dangers et ses plus grands ennemis étaient surtout les guildes qui souhaiteraient mettre la main sur son réseau. Le sorma ne se faisait pas d'illusion : sa relation passée avec Assan, l'un des chefs de Chrysanthème, le “protégeait” des tentatives armées de le rallier à la guilde. Pour le moment. Si Heran Sangrouge ou l'un de ses sbires était assez stupide pour croire qu'il se laisserait faire sans opposer de résistance il le paierait cher car Sethore n'hésiterait pas à causer la ruine de la guilde et pour cela il lui suffisait d'aller apporter ses informations au maître De La Lune qui interviendrait dans le respect du traité établit avec Ragguî.

Les notes s'entassaient alors que son secrétaire arrivait pour trier toute la paperasse. Sethore lui faisait confiance, entre autre chose parce que l'humain était de ses esprits faibles facilement assujettis par l'addiction. Celui-là était dépendant du plaisir physique, il lança un regard langoureux et suppliant au vampire qui se contenta de lui renvoyer un sourire entendu. Il tendit les documents de gestion pour que l'homme les traite, celui-ci les prit en faisant en sorte de toucher les doigts du vampire au passage. Sethore se replongea dans ses papiers, il voulait finir l'administratif avant d'aller faire un tour dans son établissement, voire peut-être rendre visite à certaines… connaissances. Il releva la tête quand une employée entra dans le bureau en hâte.

« Un rixe a éclaté dans la salle principale monsieur, dit-elle avec précipitation.
- Vous ne pouvez pas la calmer vous-même ? répondit-il un peu agacé.
- Je pense que vous devriez venir voir, le combat est assez violent. »

Sethore renifla avec mépris et se leva de son bureau pour sortir de la pièce. Il espéra pour ses employés sur place qu'ils avaient une bonne raison de le faire descendre, n'avait-il pas engagé des mercenaires pour faire cesser les combats ? Parvenu au rez-de-chaussée le vampire s'arrêta stupéfait de la scène sous ses yeux, des clients s'étaient déjà enfuis – peut-être sans payer pour le coup – et d'autres s'éloignaient du combat autant que les murs le permettaient. Certains guerriers se tenaient prêt, hésitant un peu à intervenir. Sethore fronça des sourcils et se saisit de son fouet.

« Qu'est-ce donc que ceci, vous croyez-vous dans une arène ? »

Il attendait des explications et surtout veillait qu'aucun des belligérants ne fuient, bien décidé à leur faire rembourser les dégâts ainsi qu'un petit supplément pour s'être permis de se battre dans son établissement.

Il n'était même pas midi quand Geralt arriva, à dos de cheval, dans la capitale. Il était épuisé, ayant hâte de pouvoir toucher enfin la récompense pour la mission qu'on lui avait confié une semaine plus tôt. Le visage baissé, les traits fatigués, le chasseur de monstres s'avança dans la ville cosmopolite, où il pu s'apercevoir que les choses n'avaient guère changé depuis son départ.

Il y avait toujours autant d'espèces différentes, ainsi que de sous-espèces. Mais ce qui le dérangeait le plus, ce n'était pas le fait d'y voir autant d'espèces différentes qui se mêlaient les unes aux autres dans des buts pas toujours très bien définis. Non, c'était plutôt le fait que lui, simplement parce qu'il avait les cheveux blancs, une apparence qui trompait son âge réel et des yeux de chat, on le considérait comme un rejeté. Alors que voir un nain ne dérangeait personne. Geralt n'était pas raciste, mais il n'aimait pas que les autres le soient.

Il arriva finalement à un corps de garde. Descendant de son cheval, il prit un sac accroché à la selle, puis se dirigea vers la porte. Le garde en faction le laissa passer, reconnaissant peut-être vaguement à qui il avait affaire. Une fois à l'intérieur, Geralt se dirigea vers le bureau, derrière lequel était assis un dénommé Rivia.

"C'est pour quoi ?"

"On avait dit 300 pour la harpie." répondit Geralt de sa voix grave et trainante.

"Ah... ouais. La preuve ?

Geralt déposa le sac sur le bureau, le garde l'ouvrant pour regarder à l'intérieur. Il eut un mouvement de recul, puis donna une bourse au chasseur de monstres, qui repartit en direction de la sortie. Prenant son cheval, il se dirigea vers l'intérieur de la ville, cherchant une auberge où passer l'après-midi. Il n'était pas nocturne, mais disons qu'il était trop fatigué pour continuer pendant le reste de la journée.

Il trouva ce qu'il cherchait, une petite auberge sans prétention. Il dormit confortablement, profitant enfin d'un vrai lit pour détendre ses muscles et dormir sans craindre de devoir se réveiller pour affronter des créatures dangereuses ou des bandits. Il regretta de se réveiller en début de soirée, son ventre ne criant étrangement pas famine.

Rassemblant ses affaires, il s'en alla, cherchant une taverne un peu plus accueillante pour prendre un léger repas. Il finit par trouver sur un nom qu'il avait entendu de la bouche de plusieurs passants : le Lamia. S'accoudant au comptoir à l'intérieur, il entendit soudain une voix provenant de derrière son dos.

"Pourquoi il a deux épées lui ? Il a peur d'en perdre une ?"

"Eh, toi ! Le gars aux cheveux blancs ? On accepte pas les gens comme toi ici, dégage !"

"Tu devrais surveiller tes paroles..." dit doucement Geralt en se retournant.

"Je crois pas non."

Une minute plus tard, quatre humains étaient à terre, assommés, tandis que trois autres se tenaient à distance, l'épée sortie mais sans oser approcher. Geralt, quant à lui, se tenait debout, la main droite par-dessus l'épaule, prêt à dégainer son épée en fer. Il n'avait jamais eu l'intention de se battre, mais s'il le fallait, il le ferait.

Une voix retentit alors, forte et portante. Tournant la tête, Geralt reconnut un vampire, qui semblait stupéfait de la scène qu'il avait sous les yeux. Ne prononçant pas un mot, le chasseur de monstres resta comme ça, attendant la suite.

Sous les yeux du sorma des types étaient étalés au sol face à un seul adversaire – un humain – qui paraissait s'être contenté de force physique pour les défaire. Sethore ignorait ce qui était le plus étonnant : qu'un humain ait battu aussi aisément avec ses poings d'autres gaillards aussi solides que lui ou que ses subordonnés chargés de la sécurités n'aient rien su faire pour l'arrêter. Il vit ensuite ses yeux, voilà le summum de l'étrange, c'étaient ceux d'un félin or l'homme n'était pas un iijka et ces derniers ne pouvaient se reproduire avec d'autres espèces. À bien y réfléchir c'était sans doute ce détail qui avait accouardi ses hommes et les avait poussés à venir le chercher séance tenante. Le vampire tourna son regard pourpre sur une serveuse de salle et lui demanda sa version des faits. Avant qu'elle ne commence un homme à terre tenta de se relever, d'un geste sec Sethore fit claquer son fouet près de sa tête.

« Personne ne bouge sans mon accord. »

Lâcha-t-il d'une voix froide et il encouragea la serveuse à parler vite. De toute évidence l'altercation avait été provoquée par les hommes à terre qui l'avaient payé au prix fort. Le gérant fit signe à ses hommes de s'en saisir et de les amenés ailleurs – à savoir dans les sous-sols où ils leur passeront l'envie de recommencer à semer le trouble dans les établissements publics. Quant à l'homme qu'ils avaient provoqué il était tout aussi coupable d'avoir répondu à la provocation, cependant il intriguait Sethore.

« Toi, suis-moi. »

Il avait parlé d'un ton qui ne souffrait aucune réplique quoiqu'à voix basse tandis que ses employés remettaient en place le mobilier bousculé et rassuraient les clients encore présents. Le vampire se retourna pour quitter la pièce, voyant que l'homme ne le suivait pas – malgré l'invitation muette d'un solide nain chargé de la sécurité – Sethore, d'humeur joueuse malgré la situation, décida de l'encourager en s'amusant un peu. Il avisa deux couverts échoué sur le sol et tendit la main vers eux pour les animer, bougeant ses doigts de façon expérimenté il les fit bouger telle une paire de jambes et leur fit montrer le chemin à l'homme après avoir tapoté le bas de son pantalon.

Le marionnettiste laissa tomber ses joujoux lorsque l'homme se mut enfin et le guida jusque dans une salle à l'écart d'où il pourrait l'interroger tout à son gré sans déranger sa clientèle déjà émut par la rixe. La porte close il s'adossa contre le mur, les bras croisés et la main tenant toujours le manche de son fouet.

« Je n'apprécie pas que l'on se batte chez moi, certes tu n'as fait que te défendre ce qui explique que tu ne sois pas avec les autres, cependant tu aurais tout aussi bien pu ignorer la provocation et sortir. Il me reste maintenant à savoir comment tu vas me rembourser les dégâts et le manque à gagner. Mais commence donc par me dire qui tu es. »

Sethore se doutait que l'individu n'avait guère beaucoup d'argent à lui donner en remboursement, mais au vu de sa force il était sans nul doute capable de lui rendre un service en échange. Pour l'heure le vampire voulait en savoir davantage avant d'aviser ce qu'il allait faire et dire.

Geralt resta sans bouger un long moment. Il n’avait aucune idée de ce qui allait se passer, mais il préférait éviter de se mettre dans une sale situation. Il abaissa le bras, croisant els deux sur sa poitrine en attendant le verdict. Les individus autour de lui semblaient peu enclins à poursuivre la bagarre depuis que leur patron était arrivé. Ce qui était tout à fait compréhensible, se dit le mercenaire chasseur de monstres. Vu son apparence, il n’était pas du genre à se laisser marcher dessus par ses employés. Il menait les gens à la baguette.

Une serveuse fut contrainte de parler. Peu enclin à se laisser distraire, le vampire la força à parler du plus vite qu’elle le pouvait, n’omettant pas l’important tout en épargnant les détails les plus insignifiants. Geralt faillit sourire lorsque la femme passa à sa description. Un individu louche avec deux épées dans le dos. Très réussit, très réaliste. Mais il avait l’habitude, aussi ne dit-il rien. Il ne servait à rien d’aggraver la situation précaire dans laquelle il se trouvait. Car même s’il n’avait fait que se défendre, il était fautif d’avoir participé à la bagarre. Même si le mot bagarre ne convenait pas vraiment.

Puis, il lui ordonna de bouger. Geralt, lui, ne bougea pas d’un pouce, malgré qu’un nain – très probablement un videur – lui fasse signe qu’il fallait bouger. Finalement, après que le vampire se soit donné la peine de monter un mini spectacle, le mercenaire se décida de bouger, emboitant le pas à la créature. Ils arrivèrent dans une pièce sobre, assez sombre, ce qui ne dérangeait pas vraiment Geralt. Le vampire ferma la porte s’adossa au mur.

« Je n'apprécie pas que l'on se batte chez moi, certes tu n'as fait que te défendre ce qui explique que tu ne sois pas avec les autres, cependant tu aurais tout aussi bien pu ignorer la provocation et sortir. Il me reste maintenant à savoir comment tu vas me rembourser les dégâts et le manque à gagner. Mais commence donc par me dire qui tu es. »

« Tu crois que je vais te le révéler comme ça, d’un coup ? Mais pour le manque à gagner, ne t’en fais pas, vampire. Je suis tout à fait disposer à conclure un marché avec toi. »

Avisant une cruche d’eau sur la table – seul ornement de la pièce avec deux chaises – Geralt s’avança, et la prit. Il ne s’embêta même pas à prendre un des verres, il but directement. Sa soif étanchée, il reposa le récipient – à moitié vidé – et se tourna vers le vampire à nouveau, s’essuyant la bouche d’un revers de main.

« Tu es Sethore, toi, pas vrai ? »

Cet homme était désagréable et insolent… on en comprendrait qu'il se fasse agresser. Le vampire réprima une envie de le torturer, ah comme il serait excitant de voir le visage étrange et fermé de l'homme se tordre de douleur, mais il faut se faire une raison et celle du plus fort l'emportait, le dominant était l'intérêt et le gain. Au moins se montrait-il disponible pour un échange de bon procédé ce qui permettrait à Sethore d'obtenir un remboursement par équivalence de la casse et de la perte de clients, il pouvait même en obtenir des bénéfices s'il utilisait bien cette carte. Il regarda l'humain se permettre de boire dans la cruche posée sur la table et sourit, costaud, méfiant mais inconscient, ne savait-il pas qu'une cruche laissée à l'abandon dans une pièce pièce pouvait contenir autre chose que de l'eau claire ? Dans celle-ci nul poison, quoiqu'une simple goutte indétectable d'un sérum qui émoussait le raisonnement logique. Pratique lorsqu'on voulait manipuler une personne intelligente.

Sethore darda ses yeux pourpres dans le regard… félin de l'homme et afficha un sourire amusé.

« Si je ne savais pas que les iijkas ne peuvent se reproduire avec les autres hominidés je dirais que tu es un de leur métis. Malpoli avec ça, ta maman ne t'as pas appris à donner ton nom avant de demander celui des autres ? »

Le sorma parlait avec un ton doucereux qui lui était habituel lors des interrogatoires. Il n'était pas en colère, loin de là, d'autant que l'homme était volontaire pour un échange de bon procédé et Sethore avait quelques idées sur ce qu'il allait lui demander. Il caressa des doigts la poignée de son fouet et détailla l'équipement de l'homme.

« Cela dit mon identité est aisée à deviner et j'aurais davantage besoin de bras solides que de bonnes manières. Quels types de “missions” as-tu l'habitude de réaliser ? »

Question de sécurité puisque Sethore avait des missions à confier qui tiraient sur l'illégalité et il ne pouvait les confier à une personnes honnête pas plus qu'il ne pouvait laisser ses hommes de mains s'en charger.

Geralt plissa les yeux en sentant que l’eau avait une sorte… d’effet. Un goût bizarre. Une sensation étrange. Comme s’il avait été drogué. Il n’avait aucune idée de l’effet d’un tel élément, mais il ne s’en fichait pas. S’il avait été empoisonné, il l’aurait su. Mais là, il ne pouvait voir les effets de la drogue, sans que lesdits effets ne se manifestent. Il préféra se concentrer sur la voix du vampire, qui ne lui était pas très agréable de par ses paroles.

« Si je ne savais pas que les iijkas ne peuvent se reproduire avec les autres hominidés je dirais que tu es un de leur métis. Malpoli avec ça, ta maman ne t'as pas appris à donner ton nom avant de demander celui des autres ? »

La suite ne lui plaisait pas davantage. Mais après tout, Geralt restait un type peu sociable. Il avait des difficultés quand il s’agissait de la communication.

« Cela dit mon identité est aisée à deviner et j'aurais davantage besoin de bras solides que de bonnes manières. Quels types de “missions” as-tu l'habitude de réaliser ? »

Grognant en se rendant compte de sa lucidité faiblissante, Geralt chercha à peser ses mots avant de répondre. Il venait de comprendre les effets de la petite dose de drogue : altération de la logique. Difficile à contrer, car le reste du cerveau suivait et se mettait à être moins efficace. Il réfléchit donc soigneusement avant de répondre.

« Si tu tiens tellement à connaitre mon nom, je te le donne. Geralt. Mercenaire spécialisé dans la chasse aux monstres. Mais s’il le faut, je serais capable d’éliminer des créatures plus civilisés, moyennant une somme plus importante. »

Oh oui, il pourrait le faire. Mais seulement si la somme était importante et que les risques lui permettaient d’effectuer sa tâche sans être trop gêné. Après la rixe, il préférait éviter d’avoir encore des ennuis, d’autant que cette fois ça risquait de se faire avec les gardes. Et les gardes n’étaient pas aussi sympathiques que les videurs. Il lui faudrait donc redoubler de prudence. Il sentait que le vampire était intéressé. Une bonne chose. Un client intéressé est plus facilement sujet à bien payer.

Tout le monde connaît cette expression : “le temps est de l'argent” pour un propriétaire d'établissement aussi grand que le Lamia le dicton devenait parfois réalité et il arrivait à Sethore de sentir cruellement le manque de temps pour achever bien toutes ses tâches, plus que de l'argent, le temps était une notion précieuse dont il fallait savoir jouer et vouloir l'économiser à tout prix n'était pas toujours une bonne solution bien au contraire. Le sorma étudia patiemment les attitudes de l'homme préférant perdre un peu de temps qu'un détail essentiel. L'humain paru s'apercevoir des effets de la potion dans l'eau et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même pour l'avoir bue puisque le vampire ne l'y avait pas incité.

Sethore sourit à la réponse de l'humain, ou plutôt de Geralt, celui-ci était loin d'être bête et avait compris le sous-entendu du vampire. D'ailleurs ce nom sonnait comme connu dans sa mémoire, un chasseur de monstre du nom de Geralt. Il était réputé pour son efficacité et son apparent manque de scrupule dans le missions choisies, cela promettait d'être intéressant. Cependant le sorma préférait laisser les missions sensibles à ses hommes de confiance.

« Parfait Geralt, je suis heureux de te l'entendre dire. Vois-tu en tant que restaurateur je me dois de satisfaire mes clients et innover sans cesse pour vaincre la concurrence. Je veux que tu ailles me rapporter un ingrédient rare et très prisé que l'on ne trouve qu'en bordure de la forêt d'Ilsalie. C'est une aile de phalène pourpre, un papillon rare qui ne vit que dans cette forêt maudite, heureusement pour toi, et pour moi, il réside également en bordure de la forêt ce qui limite les dangers pour toi, n'est-ce pas ? J'aimerais que tu m'en rapporte au moins quatre ailes, j'estime que cela vaut les dégâts. Bien sûr si tu m'en apportes davantage je saurais te payer le supplément au tarif habituel et pourquoi pas avec un petit complément si elles sont en parfait état. »

En tant que chasseur de monstre Geralt devait savoir que ce travail était risqué, ce n'était pas sans raisons que les ailes de phalènes étaient rares, elles étaient ardues à se procurer autant par le fait que ces papillons ne se montraient que le soir et à cause des créatures dangereuses qui résidaient dans la forêt maudite et venaient jusqu'à l'orée. Il était tout à fait possible que le chasseur refuse à moins que l'appât du gain et les retombées favorables pour sa réputations en cas de réussite ne l'emporte.

Le vampire était intéressé, ça s‘entendait au son de sa voix. Geralt savait reconnaitre quelqu‘un qui éprouvait un intérêt certain pour une conversation, et c‘était le cas une fois de plus. Secouant à nouveau la tête, comme si cela allait chasser les effets de la drogue, Geralt écouta patiemment, les bras croisés, ce que disait le dénommé Sethore.

« Parfait Geralt, je suis heureux de te l'entendre dire. Vois-tu en tant que restaurateur je me dois de satisfaire mes clients et innover sans cesse pour vaincre la concurrence. Je veux que tu ailles me rapporter un ingrédient rare et très prisé que l'on ne trouve qu'en bordure de la forêt d'Ilsalie. C'est une aile de phalène pourpre, un papillon rare qui ne vit que dans cette forêt maudite, heureusement pour toi, et pour moi, il réside également en bordure de la forêt ce qui limite les dangers pour toi, n'est-ce pas ? J'aimerais que tu m'en rapporte au moins quatre ailes, j'estime que cela vaut les dégâts. Bien sûr si tu m'en apportes davantage je saurais te payer le supplément au tarif habituel et pourquoi pas avec un petit complément si elles sont en parfait état ».

Geralt prit son temps avant de répondre. Non pas qu‘il veuille faire attendre le vampire, lais il prenait soin d‘analyser chaque information et chaque sous-entendu éventuellement caché dans le discours de son possible employeur. Les ailes de phalène ne poserait pas vraiment de problèmes, l‘argent de son épée attisait la curiosité de ces créatures. Non, le vrai problème était les créatures qui rôdaient dans la forêt, que ce soit en son cœur ou en bordure. Les andreïdes, de dangereux automates à moitié sylvestres, pour commencer. Les dakents aussi, même s‘ils étaient rares. D‘autres petites créatures sans importances.

Le chasseur de monstre se gratta le menton. Cela risquait d‘être difficile et dangereux. Mais il faisait ce métier parce qu‘il savait le faire. Il était l‘un des meilleurs. Le danger avait peur de lui. Il saurait se faire une belle somme sur une telle affaire. Il décroisa les bras et planta son regard dans celui du vampire. L‘heure de négocier le prix.

« Très bien, Sethore, j‘accepte. 500 par aile, donc 2000 au minimum. Etant donné la dangerosité de ce travail, je pense que tu seras d‘accord avec moi : c‘est un prix raisonnable. »

Geralt ne plaisantait pas. Il ne plaisantait jamais. Il était totalement dénué du moindre humour. La négociation devrait bien se passer, se dit-il. Le vampire semblait tenir à ces ailes, il y mettrait le prix. Et contrairement à de nombreux autres mercenaires, il n‘était pas un escroqueur. Il donnait un prix réellement raisonnable, après évaluation des risques. Même si de temps en temps, il n‘hésitait pas à taxer des idiots. Sethore n‘en était pas un, en revanche.

Sethore caressa des doigts le manche de son fouet en attendant que le mercenaire réfléchisse à sa proposition. Du fait du caractère très dangereux de la région de prédilection de ces insectes rares le sorma avait de grandes difficultés à s'en procurer et si Geralt pouvait lui en rapporter de bonne qualité il oublierait totalement les dégâts dans sa salle, les autres paieraient bien assez pour ça. Les infusions d'ailes de phalènes pourpres étaient un met délicat apprécié dans l'ancien royaume d'Ilsalie que Sethore voulait explorer et réinventer pour ses clients les plus précieux. L'attitude du chasseur était prometteuse, nulle arrogance superficielle ou fanfaronnade, nul incertitude. C'était l'un de ceux qui avaient de l'expérience sans le besoin maladif de le faire savoir, il envisageait honnêtement ses chances de réussites et les gains qu'il pourrait en tirer. Somme toute Sethore ne doutait pas de sa réponse.

Un petit rire silencieux de satisfaction secoua ses épaules lorsqu'il entendit la réponse sans conditions, oui Geralt était un professionnel qui s'avait estimer le danger, connaissait la valeur des choses et il n'avait pas les yeux plus gros que le ventre. Sethore se caressa les lèvres pensivement.

« 500 rhuns par ailes, oui c'est le prix actuel sur le marché. Je suppose que si vous le connaissez vous savez également trouver les phalènes pourpres et les capturer sans en abîmer les ailes. Je tiens absolument à l'état de qualité des ailes, tu es libre de faire ce qui te plaît du reste du corps, les manger, les jeter ou les vendre à un restaurant d'iijkas. »

Il contourna Geralt pour ouvrir la porte et appela son secrétaire pour qu'il lui apporte un contrat. La feuille en main il referma la porte et s'approcha de la table en faisant signe à l'humain de venir à son tour. Le sorma notifia sur le contrat l'objet à récupérer, le contractuel, la somme convenue et traça son nom en une signature fine et élégante.

« Lisez donc et si cela vous convient, signez. Je suis loyal avec ceux qui me servent bien, si vous remplissez cette mission correctement je saurais vous faire une bonne publicité, pour peu que vous en ayez besoin. »

A vrai dire Sethore avait souvent besoin de contacts hors de ses employés ou de ses proches pour lui procurer des objets ou des produits ou encore lui rendre des services divers et parfois à la limite de la légalité, si Geralt se montrait à la hauteur de l'impression qu'il donnait le sorma se ferait sans doute un plaisir de faire de nouveau appel à lui.

Le vampire semblait être un honnête homme, et Geralt ne fut pas dessus. Ayant un horrible sourire, le chasseur de monstre laissa l’autre appeler son secrétaire afin que celui-ci puisse apporter un contrat en bonne et due forme. Devant tant de professionnalisme, il était assez impressionné. D’ordinaire, l’accord était scellé d’une poignée de main ou d’un geste, et une preuve était nécessaire à l’obtention de la récompense. Bien sur, d’ordinaire, personne n’aurait eu envie de rouler quelqu’un comme lui.

Il nota la façon fébrile dont le sorma rédigea le contrat. Il semblait beaucoup tenir à ces ailes. Tant mieux. Le temps qu’il termine le texte, les effets de la drogue douce se dissipèrent, permettant à Geralt de se sentir déjà mieux. Plus lucide, moins réceptif à l’arnaque. Il prit finalement le parchemin, et le lu attentivement. Tout semblait dans l’ordre. Le mercenaire y appliqua sa signature, puis tendit le contrat à son nouvel employeur.

« Entre professionnels on s’entend, pas vrai Sethore ? La publicité est bonne, mais veille à ce qu’elle ne soit pas trop exagérée. Je ne voudrais pas que quelqu’un pense que je suis capable de faire des choses que je préfèrerais éviter. »

Pour faire bonne mesure, il serra la main du vampire. Puis, tournant les talons, il sortit de l’auberge, le Lamia. Ce nom était à jamais enregistré dans sa tête comme le nom d’un établissement à éviter quand on possédait deux épées dans le dos et une sale tronche. Néanmoins, il lui fallait désormais entamer sa mission. Il ne se sentait pas d’attaque pour partir immédiatement vers le lieu de sa mission. Mais il le faudrait bien. La nuit commençait à tomber. Et en se mettant en route maintenant, il gagnerait du temps. Plus vite il arriverait là-bas, plus vite il aurait achevé cette tâche.

Reprenant son cheval, il monta en selle. Et alors qu’il se rendait vers la sortie de la ville, il repensa à ce vampire qui venait de l’engager. 2000 pièces pour quatre ailes. Il savait que ce ne serait pas la récupération des ailes le problème. Non, le vrai problème, se serait de devoir les récupérer tout en évitant les créatures de la forêt qui elles se défendaient. Et qui attaquaient également. Mais il y arriverait. Il était l’un des meilleurs. S’il ne parvenait pas à accomplir cette tâche, ce contrat... c’est qu’il serait temps de prendre sa retraite.

» Geralt Fenix